Vivre des rapports égalitaires, qu’est-ce qui coince ?

Les rapports de pouvoir existent au sein des structures mais aussi en nous. Nous les avons intériorisés au point qu’il nous est difficile de voir que parfois c’est nous-mêmes qui instaurons ce rapport inégalitaire entre l’autre et nous.

J’aspire à vivre des rapports égalitaires et pourtant, parfois, certaines pensées m’empêchent de considérer mon interlocuteur comme mon égal.

Je suis stimulée par des personnes qui « savent » alors que par ailleurs j’ai peur d’adopter moi-même cette posture que je n’aime pas ni chez moi, ni chez les autres.

Mais qu’est-ce qui me stimule autant ?

Quand quelqu’un a cette posture du « sachant », j’ai l’impression qu’elle se positionne au-dessus de moi et je déteste ça. 

J’ai alors tendance à jouer à « j’ai raison – tu as tort » qui n’est pas un jeu très joyeux à vivre. A ce moment-là, je désire prendre le dessus.  Et là, c’est moi qui crée de la compétition, des oppositions, des rapports inégalitaires alors que c’est important pour moi de pouvoir vivre des rapports où chacun.e est équivalent, en lien.

A d’autres moments, je peux voir que je place certaines personnes au-dessus de moi.

Je me pose donc la question : comment faire pour travailler sur mes conditionnements et mes réactions habituelles ?

Qu’est-ce que je peux faire ou dire pour vivre concrètement l’équivalence à laquelle j’aspire quel que soit le statut, la fonction, les ressources de mon interlocuteur ?

Comment voir et considérer la personne juste comme un être humain comme moi plutôt que comme quelqu’un dont je dois me méfier ?

Tout d’abord, je vais écouter ce que je me dis sur moi, sur l’autre pour traduire ensuite ces pensées, ces croyances et voir quels besoins se cachent derrière.

Dans mon « petit théâtre chacal », voilà ce que je me dis.

J’ai peur d’être jugée, d’avoir l’air bête, de ne pas être à la hauteur.  Je « me sens » toute petite ☹

OK. Intéressant… J’ai alors un peu d’espace pour prendre du recul.  Je deviens comme spectatrice de mon propre « jeu théâtral ».

Au fond qu’est-ce que cela révèle tout ça ?

J’ai besoin de m’accepter telle que je suis, d’accepter où j’en suis de manière bienveillante.  J’ai aussi besoin d’évoluer, de réaliser quelque chose qui contribue à un monde plus en paix.  Et j’aimerais avoir plus de moyens pour y arriver.

J’ai aussi besoin de confiance et de sécurité pour être authentique. Avant de m’exprimer, d’échanger, de partager, j’ai besoin d’avoir confiance en moi et en l’autre personne, confiance que nous pourrons communiquer librement, joyeusement.  Et dans mon expérience, cela n’a pas toujours été le cas, j’ai vécu des situations où je n’avais pas de moyens de m’exprimer ; à l’école, dans mon travail, je ne me suis pas toujours permise de le faire, cela me semblait risqué à l’époque…

Donc cette croyance me protège (c’est en tout cas son intention), elle a été à mon service un moment donné, dans d’autres circonstances.  C’est déjà plus paisible de constater cela.  Cette petite voix, qui aujourd’hui m’ennuie, est juste là car elle veut me rappeler de faire attention à moi.  C’est chou, non ?

C’est le moment d’examiner ma croyance que je formulerais comme cela : « il faut se méfier des personnes au-dessus de moi » … 

Ai-je envie de la garder ? ou ai-je envie de la modifier ?

Comment pourrais-je la modifier en tenant compte de mon besoin de sécurité ?

D’abord puis-je voir les personnes qui en savent plus, qui ont plus de ressources, de moyens que moi comme des personnes me permettant de voir les choses autrement à partir d’une perspective plus large ou nouvelle pour moi ? Oui !

Puis-je voir ces personnes comme équivalent humainement autrement dit, puis-je les voir comme des personnes avant tout, plutôt que de ne voir que leurs rôles, positions, statuts ? Oui !

Puis-je les voir comme des partenaires et voir comment leur proposer d’agir ensemble en faisant chacun.e sa part, en collaboration ?  Là, je vois que j’ai besoin de vérifier avec elles si elles seraient d’accord sur ce principe avant de m’engager d’avantage, de vérifier si cela a du sens pour elles aussi.

J’aimerais vérifier que c’est possible pour elles de se positionner comme cela (ou si elles ont des croyances qui les freinent elles aussi). 

J’accueille mes limites.  J’en suis là en ce moment !

Comment puis-je transformer ma croyance ? 

Voilà ce qui me vient à l’esprit après avoir cheminé un peu : « Nous avons tous des ressources et des moyens, nous pouvons décider de les mettre en commun pour créer un monde plus juste, plus égalitaire.  Je suis prête à collaborer avec toutes les personnes qui aspirent à cela car nous avons besoin de toutes nos ressources pour y arriver ».

Bon, c’est plus long, mais c’est vachement cool de me relier à cela !  Je vérifie tout de même une petite chose. Est-ce que mon besoin de sécurité est pris en compte ?  Oui car je ne m’impose pas de collaborer avec tout le monde… OK ! Adjugé !

Et maintenant, qu’est-ce que je peux faire pour ancrer cette croyance ?

Quand je rencontre quelqu’un, je peux lui demander ce qui l’anime, ce qu’elle aime faire dans la vie plutôt que ce qu’elle fait comme job par exemple. 

Bref, je chemine, j’expérimente.  J’essaye petit à petit de me déconditionner pour vivre en accord avec mes aspirations.

Comment ça résonne pour vous ?

Et vous, vous en êtes où ?

Qu’est-ce que vous faites pour vivre en accord avec vos aspirations et valeurs ?

Avez-vous envie d’explorer vous aussi cette thématique ? De faire le job à l’intérieur de vous pour pouvoir avoir plus de chance vivre des rapports égalitaires, là où vous êtes, en famille, entre amis, au travail ?

Valérie Brooms

dans l’équipe du CA de l’ACNV-BF

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Valérie Brooms

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