Transmettre la CNV par le jeu

Pourquoi ?

La Communication NonViolente a pour objectif d’améliorer la qualité de connexion et de relation que l’on peut avoir avec soi et avec l’autre.

C’est quelque chose qui peut paraître très sérieux, voire rébarbatif pour certaines personnes qui ne seraient pas particulièrement enclines à entamer un parcours de développement personnel.

Si la pratique de la CNV amène de la profondeur dans les relations et nous invite à embrasser pleinement notre vulnérabilité, cela peut toutefois se faire joyeusement, dans l’émerveillement de la connexion au vivant.

C’est toutefois la voie que j’ai personnellement choisie pour transmettre le processus de Marshall Rosenberg.  Je dis souvent que ma couleur est de partager la CNV avec ce que je nomme un subtil mélange entre profondeur et légèreté

Que ce soit dans le cadre de mes formations et de mes ateliers ou par le biais des ouvrages et supports didactiques que j’ai créés, je laisse la part belle aux activités ludiques, convaincue que je suis que le jeu et la légèreté amènent une ouverture de cœur propice aux apprentissages et à un ancrage plus durable de ceux-ci.  Et puis, pour être honnête, j’adore jouer ! J’adore mettre de l’espièglerie et de la spontanéité dans ma vie, et le jeu est un vecteur parfait pour ça.


Avec qui ?

Je joue avec toutes les personnes qui participent à mes activités : les jeunes et les moins jeunes, dans le domaine privé comme dans le secteur professionnel. 

Le jeu est un besoin fondamental humain.  Ce n’est pas réservé aux enfants.  Marshall Rosenberg disait d’ailleurs souvent : Ne faites rien si ce n’est par jeu ! Il aimait d’ailleurs beaucoup jouer lui-même, et avait beaucoup d’humour.  C’est un aspect de sa personnalité que j’appréciais beaucoup.


Comment ?

Pour pouvoir jouer dans le cadre de mes ateliers et formations, mais aussi pour offrir à tout un chacun la possibilité de découvrir et de pratiquer la CNV dans la légèreté, même en-dehors des formations, j’ai créé, depuis 2016, de nombreux outils didactiques, physiques et numériques.

Tous ces outils sont présentés en détails sur la boutique de GIRASOL, et font pour la plupart l’objet de nombreuses vidéos sur youtube, afin de montrer les différentes manières de s’en servir.

Il m’a été demandé, dans le cadre de cet article, d’expliquer le processus de création qui est le mien.
Pour chacun des ouvrages, il y a d’abord cette petite flamme intérieure, cet appel à créer et à réaliser quelque chose d’utile et de beau à partir de rien.  Ensuite, chaque création a sa propre histoire…

Le livre Et si on s’écoutait ? -2023 (Initialement intitulé Ecoute-moi quand tu parles ! – 2016) tout d’abord.  J’avais envie d’écrire un livre depuis longtemps.  Très longtemps. Ma vie était toutefois bien remplie, et je ne parvenais pas à libérer du temps pour écrire.  Jusqu’à ce que je me sépare de mon conjoint et qu’au même moment, mon fils quitte la maison pour faire ses études.  Je me retrouvais tout à coup seule, dans le calme absolu, avec beaucoup plus de temps libre à ma disposition.  A la même époque, j’ai fait la connaissance d’un homme, qui ne se serait sans doute jamais intéressé à la CNV si nous ne nous étions pas rencontrés.  Il était fort proche de la caricature de l’homme qui se met en colère pour masquer sa peur et sa tristesse.  Nous sommes devenus de très bons amis, et un jour, il m’a dit : Tu dois écrire un livre pour un type comme moi ! Et là je me suis dit : Oh purée, le défi ! 😅
Il a insisté durant des mois, et un jour je me suis attelée à la tâche, en gardant comme objectif que ce livre soit léger et amusant à lire pour des personnes qui ne s’intéresseraient a priori pas au développement personnel, tout en traitant un sujet sérieux et profond : la découverte de la CNV.
J’avais aussi lu un jour un livre de Bernard Werber que j’avais adoré parce que le livre s’adressait directement au lecteur et tutoyait ce dernier, et je voulais absolument que mon livre crée lui aussi un lien de complicité avec mes lecteurs.  Je me suis vraiment bien amusée en rédigeant ce manuel de découverte et de pratique de la CNV !  Sans mon ami, qui est malheureusement décédé, ce livre n’aurait jamais vu le jour.

L’idée de créer le coffret Je prends soin de mes besoins – 2016, ça profite à tout le monde m’est venue assez tôt dans ma carrière de formatrice en CNV.  Je constatais qu’il était difficile pour les apprenants de trouver des solutions alternatives pour nourrir leurs besoins lorsque leur solution de prédilection ne fonctionnait pas.  Les personnes avaient du mal à lâcher leurs attentes par rapport à certaines personnes ou certaines situations.  Or il est très important de parvenir à envisager plusieurs options pour nourrir nos besoins, car les attentes sont une source inépuisable de déception et de misère relationnelle.  L’idée était claire dans ma tête : je voulais créer des cartes avec les besoins fondamentaux humains, et les accompagner d’un recueil de solutions (en tout, 1670 pistes d’actions pour 76 cartes de besoins).  Il me manquait les illustrations.  Et un jour, j’ai découvert un post de Célia Portail sur Facebook, et je suis littéralement tombée amoureuse de ses illustrations !  L’Univers m’avait envoyé mon illustratrice.  C’est du moins ainsi que j’ai décodé la situation.

Ce qui m’a amenée à créer le coffret La Communication NonViolente au fil des saisons -2017-, puis le programme 366 jours pour pratiquer la CNV, c’est le fait que, au début de mon parcours de formation en CNV il y a une vingtaine d’années, j’aurais adoré disposer d’un support pour pratiquer au quotidien.  Or cela n’existait pas à l’époque.  Comme je m’étais beaucoup amusée en créant les deux ouvrages précédents en 2016, j’ai continué sur ma lancée.  J’avais encore une dizaine d’idées de créations en tête, et j’ai choisi d’explorer celle du journal de bord au fil des saisons, avec une thématique par mois, des exercices pratiques à foison, le tout richement illustré par les aquarelles de Célia Portail.

366 jours pour pratiquer la CNV se présente sous un format numérique, avec un exercice par jour.  Certains sont farfelus, d’autres très sérieux.  Là encore, j’ai voulu allier profondeur et légèreté, et montrer que tout, absolument tout peut être sujet à pratiquer la CNV.

Entretemps, de nombreuses personnes me demandent où elles peuvent se procurer les marionnettes et les oreilles de girafe et de chacal.  Le CNVC aux Etats-Unis n’en propose plus depuis plusieurs années.  J’ai pris goût à créer des outils didactiques, je vois que cela répond à un réel besoin de soutien chez beaucoup de personnes.  Ma maman est couturière, et elle aussi aime relever des défis et trouver des solutions créatives pour réaliser les choses.  Un jour, je débarque chez elle avec mes marionnettes et mes oreilles, et je lui demande si elle pense pouvoir les réaliser, avec des tissus que nous irions chercher ensemble.  Trois jours plus tard les patrons étaient faits et nous étions dans la mercerie pour choisir les matériaux nécessaires à la confection.  Il faut savoir que ma maman ne veut pas entendre parler de CNV.  Son compagnon lui a dit que c’était une technique de manipulation et que j’étais donc dangereuse avec ce truc, donc on n’en parle pas.  Jamais.  Or la dame qui nous sert dans le magasin, qui connaît très bien ma maman, demande à quoi vont servir les marionnettes et les oreilles.  Je commence à lui expliquer, et voilà que la dame se met à pleurer.  Je lui offre un peu d’empathie, un peu gênée vu que ma maman, qui ne veut pas entendre parler de tout cela, est juste là et assiste à la scène.  Elle voit cependant que mes mots apaisent la dame.  Cette expérience nous a rapprochées.  La confection des marionnettes aussi.  Malheureusement, ma maman a été emportée par un cancer fulgurant une petite année plus tard, mais avant son départ, elle a eu le temps de former deux personnes pour poursuivre la confection.  Ces personnes sont dans une situation économiquement précaire.  La vente de ces créations me permet donc de les soutenir financièrement.
Par ailleurs, la création de chacals et de girafes m’a donné l’idée de créer des vidéos amusantes, que j’ai intitulées Série Jack et Gigi, et qui illustrent comment vivre la CNV dans diverses situations de la vie quotidienne à travers des dialogues avec Jack et Gigi.  Une fois encore, je me suis éclatée en les réalisant.
Ainsi donc, ce projet de création de marionnettes et d’oreilles m’a permis de nourrir de nombreux besoins : contribution (soutien didactique pour les praticiens CNV, écoute empathique de la dame au magasin et soutien financier aux personnes qui les confectionnent), qualité de relation et complicité (avec ma maman), jeu, créativité et accomplissement.

Nous voici en 2019, année de la création du jeu Girafe’O Cartes. C’est le processus de création qui m’a le plus touché jusqu’ici.  Depuis 7 ou 8 ans, j’ai en tête de créer un jeu CNV, pour pratiquer en s’amusant vraiment.  Un vrai jeu quoi.  J’y ai réfléchi souvent, mais je n’ai jamais encore trouvé la formule idéale.  Ma grand-maman, que j’aime plus que tout, présente des problème cognitifs : elle perd la mémoire à très court terme, avec pour conséquence qu’il est parfois difficile pour moi de rester calme et sereine et de garder une connexion de qualité avec elle.  Un jour, ça ne se passe pas très bien.  Je perds patience, je m’énerve, et je rentre en larmes, profondément triste de perdre ce lien de complicité et d’Amour que j’ai toujours eu avec « ma petite marraine ».
Je me suis assise dans ma cuisine et j’ai écouté une petite voix en moi qui m’a dit : Cherche ! Il y a forcément une solution pour garder le lien !
Au bout de quelques dizaines de minutes, j’avais trouvé : j’allais lui proposer de jouer.  Car si ça marche en formation CNV, si le jeu contribue à l’ouverture de cœur et à la connexion, il n’y a pas de raison pour que ça ne marche pas avec ma grand-maman. 
Je commande donc quelques jeux, dont un (dont j’ai oublié le nom !) avec des cartes, que je teste le soir-même avec mon frère et ma belle-sœur.  On a ri, mais ri !!
Sur le chemin du retour, dans ma voiture, le jeu Girafe’O cartes m’est alors apparu, comme des pièces de puzzle qui tombaient du ciel et qui s’emboîtaient parfaitement dans ma tête.  J’ai créé un prototype dans les jours qui ont suivi, je l’ai testé avec les membres de mon groupe de pratique, j’y ai apporté quelques bonifications sur base de leurs suggestions, et Girafe’O Cartes était né, en deux ou trois semaines à peine, après 7 ou 8 années de gestation !

2020, le Covid me confine à la maison, comme tout un chacun, durant quelques mois.  Moi qui n’ai jamais regardé un tutoriel de ma vie, je plonge allègrement dans l’univers des formations en ligne, ce qui me donne l’idée de créer des capsules vidéos de formation.  Encore une aventure exceptionnelle ! Mon fils Thomas est acteur et dispose aussi de l’équipement et des compétences pour réaliser et monter des vidéos de qualité.  C’est donc tout naturellement que j’ai fait appel à lui pour créer ces capsules vidéos. Là aussi, nous avons bien ri, et j’ai de plus été émerveillée par sa créativité pour insérer des animations joyeuses, propices à vos apprentissages !

Il reste La Voix du Cœur, né en 2022.  Les cartes de besoins, c’était bien, mais il manquait des cartes de sentiments assorties.  On m’en demandait souvent.  Comme il existait déjà pas mal de sets de cartes de sentiments et d’émotions, je ne voulais pas créer un outil qui serait redondant.  En même temps, je voyais l’utilité de disposer de cartes de ressentis pour un autre projet (toujours dans les cartons actuellement), alors j’ai recontacté Célia Portail pour les illustrations, et j’ai créé un jeu avec des familles de ressentis : la joie, la tristesse, la colère, la peur, et les ressentis physiques.  Il y a une illustration par famille (donc cinq illustrations en tout), 76 cartes et plus de 400 mots au total !  Mes cartes mettent donc l’accent sur le vocabulaire plutôt que sur les illustrations, ce qui les différencie des autres cartes d’émotions.  Petit bonus : avec les cartes de besoins, elles servent d’extension aux cartes du jeu Girafe’O Cartes.

Ainsi, mes différentes créations sont toutes complémentaires, et je les ai créées de manière à rendre leur utilisation flexible.  J’adore l’idée que vous inventiez vous-mêmes des manières de les utiliser !

J’adore imaginer et créer des supports didactiques ! Explorer mon imaginaire et donner naissance à ces outils divers et variés nourrit profondément mes besoins de créativité, de réalisation, de liberté, de contribution, de transmission… d’intensité aussi, parce que c’est très excitant pour moi de voir mes « bébés » prendre forme et vie petit à petit !

Toutes mes créations ont pour premier objectif de contribuer à soutenir l’apprentissage et la pratique de la CNV, toujours en alliant profondeur et légèreté.

Je suis d’ailleurs sur le point d’accoucher du « petit dernier » (deux ans de gestation, quand même !) : un programme d’activités ludiques accessible en ligne pour vivre la CNV avec les enfants en famille.

Voici le lien pour découvrir la bande-annonce 

Dix semaines, dix modules thématiques pour faire découvrir les fondements de la CNV à vos têtes blondes en jouant et en s’amusant., tous ensemble, en famille.  Les préventes sont ouvertes, et le programme débutera le 5 janvier.

Ne perdez jamais de vue que, comme le disait F. Nietzsche, Chaque être humain cache en lui un enfant qui veut jouer !

Dès lors, qu’on se le dise, les jeux sont ouverts !

Sophie Grosjean

Formatrice certifiée du CNVC