Nous sommes en 2017. A cette époque, je faisais partie de ces personnes qui se retrouvent dans un atelier de découverte à la Communication NonViolente car ils souhaitent régler un problème relationnel, un problème tourné à l’extérieur. Et j’étais donc une de ces personnes, à la recherche d’un « outil efficace ».
Laissez-moi vous en donner la raison, car je suis persuadé que mon histoire personnelle ne l’est finalement peut-être pas tant que ça…
J’étais à l’époque un papa plutôt colérique, bien que très attentionné et aimant. J’avais pris l’habitude de me fâcher assez facilement sur mes enfants, âgés alors de 12 et 8 ans. Les seuls moyens que j’avais pour communiquer étaient ceux que j’avais appris. Les rapports de force, la punition, la menace, la culpabilisation, les jugements et toutes ces stratégies éducatives issues d’une autre époque et que j’utilisais avec toute la légitimité qui me semblait mienne.
C’est alors que je me suis rendu compte qu’il était temps de m’arrêter et de me poser les bonnes questions. De me rappeler qui est l’adulte et qui est censé prendre soin de l’autre. D’où mon inscription à ce premier atelier de découverte de la Communication NonViolente.
Si j’écris ces quelques lignes, où je me dévoile, c’est pour témoigner que j’étais dans un schéma que beaucoup de personnes connaissent bien. C’est-à-dire un adulte, bourré de frustrations accumulées au fil des années, et sans aucune conscience de ce qui se joue (ou plutôt se rejoue) à l’intérieur de lui.
C’est seulement après avoir découvert ce processus, que j’ai pu mettre des mots et de la conscience sur les enjeux intérieurs.
Aujourd’hui, je suis fier de dire autour de moi que la relation avec mes enfants est au beau fixe. Ils sont entretemps passés par l’adolescence et embrassent maintenant la vie en tant que jeunes adultes. Nous avons su créer, mon épouse et moi, un climat d’écoute et d’accueil qui encourage des valeurs chères à mon cœur, l’équivalence et l’autonomie.
Ne nous méprenons pas, il existe bien des moments de tension, de frustration, d’agacement et même de colère, car ce processus n’a pas pour intention d’éviter les conflits.
De plus, la diversification de la Vie fait que les divergences d’opinion font souvent irruption dans les dialogues.
Néanmoins, la CNV nous permet de pouvoir mieux traverser ces moments.
En étant attentif à moi et à l’autre, j’offre plus de place à l’accueil, à l’écoute, au respect mutuel et nous mettons plus facilement notre imagination au service de la résolution des conflits.
Selon moi une clé majeure pour pouvoir goûter à cela est la capacité à s’arrêter et à observer. Car c’est en m’arrêtant, en me posant la question « comment ça va ? » et en tentant d’y répondre que je peux rester ancré, chez moi. C’est au départ de cet espace d’ancrage, certes pas toujours facile et confortable, que je peux prendre soin de moi et de mes proches.
C’est important pour moi de terminer ces quelques lignes sur une note plus joyeuse. Car autant ce processus est précieux pour explorer nos zones d’ombre et faire évoluer nos relations, autant il est puissant pour faire émerger le meilleur de nous-même et l’offrir au monde. Tel un accélérateur de particules, la CNV m’a fait goûter à la joie de la Vie qui circule à nouveau en moi. J’ai appris à oser la joie qui n’était, certes pas loin, mais qui avait du mal à se manifester en public. J’étais bien coincé dans la culture du malheur et dans les « on n’est pas là pour rigoler », comme le partage si bien mon ami et mentor Thomas d’Ansembourg.
J’ai appris à oser mon humour, bien cadenassé derrière de nombreuses couches de croyances, et à le matérialiser grâce à l’improvisation théâtrale.
Vous l’aurez peut-être perçu dans ces quelques lignes. Si j’ai choisi de m’aventurer dans ce parcours et de devenir formateur, c’est parce que je suis animé par une profonde confiance, et même une conviction, que ce processus peut littéralement transformer nos relations. Et qu’il peut le faire autant en explorant ce qui fait sens et qui me met en joie, que de travailler sur ce qui freine et qui me bloque.
Je fais le vœu que chacun, chacune puisse cheminer avec cette double conscience et que c’est avant tout en prenant soin de moi que je prendrai soin du monde qui m’entoure.