Médiation familiale : Rester parents après la séparation

La fin du couple conjugal n’implique pas celle du couple parental.  C’est tout le paradoxe d’une séparation lorsqu’on a des enfants : on se sépare et on doit continuer à se voir dans l’intérêt des enfants.  C’est loin d’être simple n’est-ce pas ! La tristesse, la colère, les peurs sont telles qu’elles viennent parasiter la capacité à rester parents ensemble. 

C’est là que j’interviens comme médiatrice familiale. Mon rôle est d’aider les parents à se parler, à organiser eux-mêmes les modalités de leur séparation et à vivre une coparentalité apaisée.  

Ma première préoccupation sera d’accueillir chacun, chacune, là où il, elle en est, de les écouter, les rejoindre dans ce qu’ils vivent pour pouvoir ensuite identifier leurs besoins et ceux de leurs enfants.  C’est sur ce socle que nous chercherons ensemble des pistes de solution pour aménager la situation et construire les bases de leur nouvelle vie.

Ce qui est le plus préjudiciable pour les enfants, ce n’est pas la séparation mais le conflit entre leurs parents. Il est donc indispensable pour ceux-ci de trouver le moyen de dépasser leur animosité et de retrouver au moins la capacité de dialoguer et de gérer les éventuels différends.  C’est là tout l’intérêt de la médiation familiale.

Ce jeune couple vient de se séparer, leur fils a 3 ans.  Ils ont besoin d’écoute par rapport à ce qu’ils vivent pour pouvoir, une fois entendus, prendre soin au mieux de leur enfant. Lui a pris la décision de partir, elle est en colère, une colère qui cache une profonde tristesse.  Ils décident pour leur fils d’aller en médiation, pour éviter de se déchirer lors d’un procès.  Ce n’est pas simple pour cette maman d’accepter de laisser à cet homme qui la quitte la possibilité de recevoir son fils et de jouer son rôle de père… la colère l’empêche d’accepter de se séparer de son fils, de ne pas être mère 100% du temps.  Et en même temps, elle réalise combien son attitude peut être dommageable pour son enfant.  En médiation, ils vont chacun pouvoir s’exprimer sur ce qu’ils ressentent, sur le couple qu’ils ont été, sur les beaux moments qu’ils ont vécus ensemble et les moins bons, sur la séparation elle-même… Elle va pouvoir dire sa colère, dire sa souffrance et entendre celle de cet homme qui l’a aimé, face au mal qu’il lui fait en la quittant et petit à petit, elle pourra lui laisser sa place de père. 

Cet autre couple en instance de séparation va venir me voir régulièrement durant une année pour organiser les modalités d’hébergement de leur fille, qui n’a pas un an lors de la séparation.  Ils ont besoin de soutien pour se parler de manière respectueuse et pour s’organiser de façon équitable et juste pour eux et leur fille. Ce qui les amènera petit à petit à augmenter progressivement la durée de ses séjours chez son père.

Les questions financières peuvent aussi relancer le conflit.  Elles touchent souvent au besoin de sécurité et d’équité.  Prendre le temps de mettre à jour ces besoins, voir comment on peut en tenir compte, plutôt que d’appliquer une solution juridique toute trouvée qui ne rencontre pas de manière adéquate leurs besoins est essentiel. C’est aussi ce que permet la médiation.  Se donner le temps d’en discuter, d’y réfléchir permettra d’accepter le paiement d’une contribution alimentaire qui aurait été vécue comme une forme d’injustice si elle avait été ordonnée par un tribunal.

Au-delà de cela, la médiation permet aussi de discuter d’une série de questions rarement ou trop rapidement abordées devant les tribunaux, et qui sont pourtant importantes pour avoir le plus de chances de vivre en paix. Elles touchent à des besoins d’organisation, de collaboration et de communication, ainsi par exemple :

  • Quels sont les types de frais exposés pour les enfants que les parents se partagent, qui décide de les faire, peut-on imposer à l’autre parent une dépense non concertée ? … Ce type de discussions permet d’éviter des malentendus ultérieurs générateurs de conflits dans la vie de parents séparés. 
  • Quels contacts un enfant peut-il entretenir avec l’un de ses parents lorsqu’il réside chez son autre parent : qui contacte qui ?  le père, la mère, l’enfant peuvent-ils appeler ? Quand ? Combien de fois ? Quels sont les besoins dont il faut tenir compte, y compris le besoin de l’enfant ?
  • Comment communiquera t’on ensemble sur les questions relatives à notre enfant sachant qu’il faut éviter qu’il devienne le messager entre nous ?
  • Comment fera-t-on pour annoncer l’arrivée éventuelle d’une nouvelle compagne ou d’un nouveau compagnon de vie ? 

Prendre le temps de s’écouter, de voir ce qui est touché, en jeu, avoir de la clarté sur les besoins de chacun, chacune, permet de s’entendre et de trouver des solutions créatives et ainsi semer des graines de paix qu’il conviendra d’arroser au fil du temps.

Mais le terreau est plus fertile une fois la connexion restaurée.  C’est en tout cas ma conviction profonde et ce pour quoi je déploie mon énergie.

Nathalie Kumps

Médiatrice familiale agréée formée à la CNV et à l’accompagnement à la (co)parentalité

https://www.nathaliekumpsmediation.be/