Et si le confinement de notre corps nous amenait au raffinement de notre conscience ?

Face au stress, au danger ou à l’incertitude, le cerveau humain réagit selon une manière qui lui est unique et propre : certains se figent, d’autres fuient au loin et d’autres encore réagissent en allant de l’avant, de façon souvent active et créative.

Ainsi, plusieurs d’entre nous ont vécu leur confinement au ralenti ou même à l’arrêt de leurs habituelles activités de vie. D’autres par contre, à l’idée de rester simplement au calme se seraient sentis s’éteindre ou s’étioler. Ils ont alors agi pour accomplir des merveilles, adoucissant leur enfermement par de l’humour, atténuant la détresse environnante par de l’amour, de la solidarité, des créations déclinées sous mille formes : l’écriture de chansons, la réalisation de potagers communautaires, la fabrication de masques, le sport en appartement, le yoga via youtube etc. Choisissant de faire barrage à l’adversité, ils ont déployé leurs talents d’innovation et cela a offert au monde d’extraordinaires cré-activités.

Mais, certains, ne se sentant plus maîtres de leur destin, se sont peut-être vus glisser dans une forme de paralysie ou d’échappée sous la couette ou devant les écrans multiples. Ne sachant pas comment gérer leurs peurs, de quelle façon se positionner, que penser des mesures imposées, qui croire, que faire…, ils ont même pu tomber en léthargie ou déraper vers des débordements émotionnels vraisemblablement regrettés par la suite.

Que vous ayez freiné ou stoppé votre rythme de vie, fui dans l’ inertie, plongé dans la création ou découvert en vous une agressivité insoupçonnée, j’ai à cœur, afin de nourrir notre bienveillance pour chaque être humain, – en ce inclus nous-même -, de poser ici certaines de mes convictions profondes, particulièrement utiles en situation difficile :

Avec son propre niveau de conscience, son énergie et ses moyens du moment, chaque être humain, à chaque instant, tente à sa façon de faire du mieux qu’il peut face aux vicissitudes, aux incertitudes et aux peurs qu’il rencontre.

Sachant cela, même si certains comportements ne sont pas tolérables, s’efforcer de les comprendre plutôt que de les juger amène davantage de paix, en soi-même et avec son entourage. Tout en nous rappelant que ne pas juger n’a rien à voir avec laisser faire n’importe quoi !

Ralentir pour écouter et accueillir son propre vécu constitue le terreau qui nous permettra en toute circonstance de traverser au mieux les défis de la vie.

L’écoute attentive et persistante de soi ou empathie envers soi-même nous apaise, nous clarifie et nous nourrit en profondeur. Cela nous vitalise, soigne notre corps et notre mental et nous ouvre tout naturellement au soin de l’autre et du vivant.

Cette auto-empathie, chère à Marshall Rosenberg, le créateur de la Communication NonViolente®, se réalise en deux étapes.

Dans la première, on se pose deux questions : Comment vas-tu, juste là, maintenant ? Et à quoi aspires-tu en ce moment ?

Et on reste avec ces questions le temps qu’il faut pour sentir un réel changement intérieur : par exemple jusqu’à ce qu’on retrouve une clarté si on est dans la confusion, qu’on ressente à nouveau du bien-être si on allait mal, qu’on recrée en nous la paix si on était dans l’inquiétude ou l’angoisse,  qu’on rejoigne le calme si on était sorti de ses gonds, etc.

Dans la deuxième étape de l’auto-empathie, on se comporte avec soi-même comme si l’on était le meilleur parent du monde : bienveillant, curieux, intéressé, ouvert et compréhensif. En bref, on s’accueille à bras ouverts.

Il s’agit donc de s’aimer soi-même, en prenant le temps de s’écouter avec compassion, de s’offrir une juste présence, de ralentir sa vie pour vraiment être là pour soi. Et de l’humanité qu’on cultive pour soi-même découle immanquablement davantage de force de vie et de capacité à gérer le quotidien dans la sérénité.

À contrario, l’égocentrisme et/ou le nombrilisme – ne s’occuper que de sa propre personne ou n’être ouvert qu’à son point de vue – nous appauvrissent sans même qu’on s’en rende compte. Ce sont des façons de se maltraiter et de se négliger dans lesquelles nous glissons insidieusement vers une passivité peu enthousiasmante. En outre, centré sur soi-même, on passe à côté de la joie d’offrir son attention à l’autre et au monde. 

Dans la bienveillance et la compréhension pour soi se tisse la joie d’être bien avec soi et de devenir une bonne compagnie pour soi-même. Alors, on ne se sent pas seul ou démuni face aux aléas de la vie et c’est plus facile de lâcher prise si nécessaire.

Et donc, en ces temps difficiles, si vous êtes insatisfait de vous, si vous vous voyez craintif et incertain, devenir votre fidèle ami vous aidera à cultiver la paix intérieure et la force pour garder le cap dans les désarrois actuels.

Si, par contre, depuis le début de la pandémie, vous vous êtes surpassé, vous avez créé, innové et donné le meilleur de vous-même, il est essentiel, pour tenir dans la durée, de stimuler votre énergie et vos hormones de bien-être en nourrissant l’amour pour vous. Pour cela, non seulement il est bon de vous remémorer ce que vous avez accompli, mais surtout de le savourer avec gratitude pour vous-même.

Offrir de soi-même aide à vivre,

Voir le beau en soi le fait revivre,

Savourer le beau en soi le fait grandir !

Il m’apparaît de plus en plus qu’une crise n’est optimalement traversée que si nous en ressortons plus humain(e).

 Et notre potentiel humain s’accroit à la mesure de notre acceptation bienveillante de nous-même.

Ce qui n’a rien à voir avec la complaisance ou le laxisme !  

Mais, comment différencier bienveillance et complaisance ?

Quand on est bienveillant avec soi, en écoutant ses ressentis et aspirations profondes, – sans s’y noyer -, cela nous stimule et nous dynamise. Quand on est complaisant avec soi, on glisse vers la facilité, la passivité, l’égocentrisme, la tergiversation et on devient fade. Peu à peu, l’estime de soi-même, la puissance de vie se tarit et l’indifférence au monde s’accroit.

Je vous souhaite une présence multi-quotidienne à vous-même, afin d’évoluer vers plus de bonté pour vous, car, tant que l’on n’est pas tombé en amour pour soi, on ne peut ni agir aisément, ni aimer confortablement alentours.

Le service offert par un cœur qui prend soin de lui-même nourrit autant celui qui donne que celui qui reçoit. Et, comme le disait Marshall, à un moment, on ne sait plus qui donne et qui reçoit.

Anne van Stappen, 19 Juin 2020

www.annevanstappen.be