La CNV ? Vous connaissez !
La PCI (Psychologie corporelle Intégrative) ? Un peu moins, sans doute !!
Cette dernière est une porte d’entrée percutante pour accompagner les patients en thérapie : depuis que je m’y suis formée, elle trouve naturellement sa place dans mes formations longues d’intégration de la CNV, tant ces deux approches se complètent harmonieusement !
Dans cette pratique, que je ne vais pas développer ici (pour en savoir plus, allez surfer sur le site belge : www.ipci.be) : le mot important est « corporel ».
Le passage par le corps permet d’atteindre un niveau de clarté encore supérieur quant à la justesse de nos ressentis et de nos besoins, et aussi quant à l’impact de nos blessures, croyances et jugements, sur notre vitalité et donc sur notre plaisir à être en relation ; plaisir à être en relation ou parfois notre difficulté – voire incapacité – à l’être. Comment développer notre empathie si nous avons été blessés en relation et que notre corps en garde encore la mémoire ? La PCI nous permet de repérer toutes ces mémoires corporelles qui nous restreignent dans notre liberté d’être en connexion et en relation de cœur, avec soi et les autres.
Beaucoup d’entre nous ont vécu ce que dans le jargon de la Communication NonViolente, nous appelons le « shift corporel » : cette sensation de détente profonde et de soulagement lorsque le « bon » besoin vient d’être nommé – et donc reconnu.
Oui, c’est dans nos tripes que nous vivons la Communication NonViolente, c’est notre corps le baromètre qui nous renseigne si nous sommes en lien bienveillant avec nous-même ou avec l’autre, au niveau de notre intention de cœur.
« Le plus grand voyage qu’un être humain a à parcourir dans sa vie est la trentaine de centimètres qui sépare sa tête de son cœur », disait Marshall. Avec cette boutade, il exprime que son processus fait appel à tout notre être, qu’il ne s’agit pas d’une démarche purement mentale.
Trop souvent, lorsqu’elle est vulgarisée, la CNV est réduite à un concept intellectuel ; ainsi, on la retrouve parfois sous la forme d’un cours théorique de trois heures dans un cursus estudiantin, ou présentée en quelques « slides » dans un programme de formation professionnelle… Et si on ne peut que saluer l’intention, et célébrer les lettres de noblesse qu’acquiert chaque année un peu plus la CNV auprès de publics de plus en plus divers et nombreux, je regrette cette intellectualisation du processus et cette récupération lapidaire (entre autre dans des cours ou des conférences ou des livres de coaching) qui pourraient laisser croire qu’on connaît la CNV et qu’on est capable de la mettre en pratique en quelques heures. Car, je cite encore Marshall, «c’est simple, mais ce n’est pas facile ! ».
Alors revenons au corps.
Bridget Belgrave, formatrice anglaise, et sa collègue Gina Lawrie ont eu cette idée très porteuse de visualiser les étapes du processus par des « pas de danse », comme une marelle où, le plus souvent accompagnés par quelqu’un, nous pouvons cheminer au gré de nos sensations corporelles, passant du jugement au besoin, en revenant parfois ensuite sur le sentiment, puis vers un autre besoin … si n’apparaît pas tout à coup, comme le polichinelle sorti de sa boîte, encore un autre jugement ou une pensée, une croyance, … Et nous sommes ainsi invités à suivre, pas à pas, le cheminement (plus lent que celui de la pensée) de notre corps et de ce qu’il ressent, de ce qu’il nous raconte de nous, si nous nous rendons présents et à son écoute.
Par le corps.
Par la respiration.
Par le mouvement.
Par une qualité de présence accrue et la conscience de qui nous habite.
Nos pensées et jugements bien sûr (sans doute les plus accessibles), mais surtout nos ressentis corporels : sensations, ressentis, émotions, sentiments, goûts intérieurs, perceptions physiques, … sont autant de signaux qui ouvrent la porte sur nos besoins – satisfaits ou pas. Et du besoin à la demande (à soi et/ou à l’autre), vous le savez, il ne reste qu’un pas !
Alors oui, de plus en plus dans mes formations je prends le soin d’amener mouvements, exercices, méditations, danses, pratiques et techniques d’ouverture corporelle diverses et empruntées à des approches variées, … tout cela, à première vue, n’ayant pas un lien direct avec l’intégration de la CNV, mais qui en amont ouvre le corps, le rend plus disponible, plus « alerte », plus à même de recevoir plus d’intensité aussi, et permet à chacun, par des arrêts sur image, d’affiner toujours plus la perception de ce qui se vit là, dans ce corps-baromètre.
Et, en aval, ce mouvement (dansé ou pas), cette respiration consciente, le rire, le jeu, le passage par la voix (sous toutes ses coutures), le toucher, la relaxation, bref le passage par le corps à nouveau, permet d’évacuer, de faire circuler, de retrouver énergie et vitalité et bien sûr notre pouvoir d’action.
Nous sommes de plus en plus nombreux à intégrer plus de corporel dans nos formations et c’est tant mieux. Les participants semblent y trouver une plus-value (bien que la démarche conduise, plus souvent qu’on l’imagine, à sortir de notre zone de confort), ils reconnaissent que cela contribue beaucoup à l’intégration de ce nouvel art de vivre dans lequel ils s’investissent. Je vous propose de découvrir ci-dessous, quelques témoignages de personnes ayant cheminé dans le respect de leurs besoins, de leur rythme et de leurs limites dans des formations CNV où une attention toute particulière a été mise sur l’intégration par le corps.
Formatrice en Communication NonViolente certifiée du CNVC
Psychothérapeute et formatrice en Psychologie Corporelle Intégrative (PCI, de Jack Rosenberg) certifiée par l’IPCI de Montréal.
Témoignages :
Ga : Pour moi l’intégration par le corps est plus que fondamentale dans l’approche de la CNV. En effet, étant plutôt quelqu’un de cérébral qui a une forte tendance à revenir aux pensées dans ma tête, le retour aux sensations du corps me permet de me relier et de nommer mes sentiments et besoins de la manière la plus efficace qui soit. Aussi, les exercices corporels que j’ai pu expérimenter dans le cadre des formations m’ont bousculé et m’ont permis de mieux intégrer le processus de la CNV (…).
Ge : J’ai découvert qu’amener l’attention sur le corps est (…) comme une porte qui facilite l’accès vers l’auto-empathie CNV. Le travail avec le corps m’a fait prendre conscience de l’importance de sa place dans la communication. Passer par le corps m’a permis d’intégrer dans mes cellules des changements de façon, me semble-t-il, durable et cohérente. C’est une forme de « consolidation », ce travail m’a amenée à oser être tant avec le corps qu’avec des mots, comme par exemple dans l’expression des limites ou quand il s’agit de mettre un stop ou encore se connecter à sa force intérieure.
Ch : Lorsque j’ai commencé à pratiquer la CNV, c’est à dire après avoir fait deux jours d’introduction ainsi que l’approfondissement d’un week-end, j’ai découvert et développé ma capacité à être en empathie avec moi-même et avec les autres. J’ai ainsi développé la capacité mentale de prendre un temps de recul sur mon vécu. J’ai aussi appris à écouter le besoin qui se cachait derrière mes colères et aussi mes joies. J’ai réussi à apaiser beaucoup de colères et souvent ceci par un travail de déconstruction mentale de mon vécu, de mes jugements, de mes interprétations. J’ai pu donner du sens à mes troubles, à mes peurs, et je les ai raisonnés. Cependant j’ai imprimé aussi beaucoup au fond de moi. J’ai souvent fait le choix de porter. Je me suis consciemment accommodé de beaucoup de choses, et si mon cœur et ma tête étaient en harmonie grâce à la CNV, mon corps a souffert en silence. C’est lui qui encaissait.
Un jour, au beau milieu du désert, j’ai saisi une proposition d’exercice corporel. Et, sentant une résistance, j’ai voulu pousser plus loin. Quelques secondes plus tard je réalisais être occupé à sortir une colère, une tristesse, un deuil à faire, une faille béante que je me cachais à moi-même depuis des années.
J’ai réalisé que ma raison et mon cœur s’étaient ralliés et m’avaient coupé de mes ressentis pour pouvoir faire des économies d’énergie. Je m’étais convaincu avec l’accompagnement de la CNV que je pouvais m’auto-désamorcer. Comprendre mes enjeux, nommer mes besoins et y répondre par moi-même lorsque je ne pouvais pas attendre des autres qu’ils y répondent. Mais ce faisant je m’oubliais souvent trop vite. Et seul mon corps en avait la mémoire marquée. Le travail corporel a la force de nous révéler à nous-même d’une autre façon. Notre éducation nous a coupés de nos sentiments et de nos besoins mais aussi de nos ressentis. Le travail corporel vient ainsi compléter la CNV pour apporter une dimension supplémentaire pour mieux nous sentir.
Ro : Le mariage de la CNV et de la PCI, (…) apporte beaucoup de richesses.Cela nous permet de mettre des mots d’une justesse « super-croyable » sur nos ressentis corporels, car le corps ne ment pas!
Cela amène une dimension encore plus profonde. (…). Grâce à cette profondeur, le mental peut s’apaiser immédiatement, et une confiance en ce qui se passe se pose dans le moindre espace du corps, qui ressent, qui s’exprime, qui sait et qui guérit presque tout seul.
C’est véritablement une mine d’or, car on quitte chaque journée en ayant la saine sensation de s’être libéré, à la fois par les mots et de manière corporelle également. (…) Je salue la pertinence et la douceur des exercices amenés (jamais imposés) tout en finesse et fluidité.
Ka : La piste de danse est un exemple des liens entre la CNV et l’intégration par le corps. Être debout et se déplacer sur les éléments de la piste en naviguant de mes jugements à mes sentiments, mes besoins, revenir aux jugements peut-être, … cela me permet de clarifier grâce à la conscience du corps debout qui se laisse percevoir les sensations et les postures. Une précision et une incarnation du processus sont facilitées par les mouvements du corps et les ressentis associés. Il y a une justesse et une évidence dans ce que je vis qui laisse mon mental au repos. Je ne peux pas tricher avec les sensations et le processus est d’autant complet qu’il est vécu avec un engagement corporel.
Ar : Je connaissais le processus de la CNV depuis quelques temps, lorsque j’ai participé à mon premier atelier avec Anne-Cécile.
Ce fut pour moi une sorte de bouleversement. Car autant j’avais assez bien intégré la CNV par l’expression de mes mots et par l’écoute de ceux de l’autre, autant je n’avais que très peu de conscience que mon corps me parle également autant que ma tête (peut-être même plus).
Ce qui est certain, c’est que le corps ne me trompe pas, contrairement à ce que je suis capable de me raconter à travers mes pensées, mes jugements, mes croyances et autres subterfuges de ma tête.
Aussi, j’ai appris une chose importante au fil de mon intégration et de ma pratique, c’est que « lorsque mon corps me parle, c’est un sage qui s’exprime », il est donc capital de l’écouter.
Je suis dès lors plus attentif au moindre frisson, à la moindre courbature, au moindre petit « nœud » qui peut parfois se manifester dans le ventre, à la moindre crispation de mes muscles.
Et je suis encore plus attentif à ces moments de détente, de joie, de papillonnement intérieur qui très souvent passaient en dehors de mon radar.
Cette attention à ce qui se passe en moi me permet de vivre pleinement mes moments de joie lorsqu’ils se présentent à moi.
N.B. : Le prochain cycle long CNV avec intégration par le corps animé par Anne-Cécile Annet débutera le jeudi 1er décembre 2022. Infos complètes sur le site www.cnvbelgique.be ou sur demande par mail : annet.ac@belgacom.net