Comment faire face à la souffrance de l’autre ?

Il n’est pas toujours simple de faire face à la souffrance des autres et encore moins à la souffrance de ceux que j’aime, de ceux qui me sont confiés, que ce soit mes enfants ou mes patients.

Je peux alors penser que je suis bien démunie, désarmée et en ressentir un grand malaise. Pourtant dans de pareils moments il n’y a rien d’autre à faire qu’à être… L’autre n’attend pas de moi que je mette vite un petit pansement sur sa plaie, il n’a pas besoin de conseil.

La toute grande majorité du temps quand je souffre j’ai besoin d’abord d’être reconnue dans cette souffrance que je traverse et la simple présence de quelqu’un à mes côtés me permet de me sentir exister, me permet de légitimer cette douleur à laquelle je fais face. Alors si cela me fait tant de bien d’avoir juste quelqu’un à mes côtés qui me fait le cadeau de sa présence, pourquoi est-ce si compliqué pour moi d’offrir à l’autre cette même présence dans de telles situations?

Une première réponse vient probablement du fait que notre monde tourne de plus en plus vite. Depuis toujours j’ai appris à ne pas rester sans rien faire, à me sentir utile en faisant des choses, pour les autres, pour la société. Il me semble qu’à force de faire j’ai appris à procrastiner à accueillir la vie. J’ai remis à plus tard, car non utile, le fait d’être là tout simplement, sans rien faire.     Je n’ai pas appris à me poser la question: « Comment je me sens en ce moment et de quoi ai-je besoin, là, pour me sentir bien et ainsi laisser rayonner autour de moi la vie qui est en moi ? »

Si j’avais appris cela je percevrais que ce n’est pas la souffrance de l’autre qui me fait me sentir démunie, mais  plutôt la souffrance qu’elle fait naître chez moi car je ne suis pas un robot mais un être humain qui a des émotions, des sentiments, des besoins.  Comme tous les êtres humains, j’aime contribuer au bien être de l’autre, j’aime l’harmonie et la paix, entre autre. Or, inévitablement, quand je côtoie la souffrance je ne vis pas ces valeurs. Ne suis-je donc pas plutôt démunie face à l’inconfort voire la souffrance que cela vient réveiller chez moi et dont je n’ai pas conscience ?

En ne prenant pas le temps d’aller voir en moi ce qui se passe, je ne fais que rajouter ma souffrance à celle de l’autre, et petit à petit je vacille avec lui. Il est donc essentiel pour moi, à un moment de m’arrêter,  de mettre de la conscience sur ce que je vis, et de prendre soin de mon besoin de douceur, de paix, de légèreté ou que sais-je, qui pourraient être criant à ce moment-là. Il en va de ma responsabilité car personne d’autre ne peut le faire pour moi.

Ce n’est qu’en prenant soin de la vie en moi, en m’autorisant à prendre un bain chaud le soir si j’ai besoin de chaleur et de douceur, en allant me promener si j’ai besoin de calme,… que je pourrai à nouveau me tenir au côté de mon enfant qui vit une période difficile, de mon patient qui traverse la maladie, de l’être humain qui souffre et dont je partage la vie à en ce moment-là.

Vous l’aurez compris, le bien-être de tous passe par notre bien-être à chacun, par notre capacité à nous arrêter, à nous autoriser à aller voir en nous ce qui s’y passe, pour ensuite être sur nos deux pieds, debout pour vivre notre vie et accompagner les autres dans leur quotidien.

Alors en ce moment, de quoi as-tu besoin, toi ?

Astrid van Male

candidate dans le parcours de certification CNV

http://www.springtolife.be