Soutien aux acteurs de paix et de réconciliation dans la région des grands lacs en 2023

COMPTE-RENDU DE LA FORMATION EN COMMUNICATION NONVIOLENTE ANIMEE PAR JEAN-BAPTISTE NDIKURIYO

A BUKAVU EN R. D. DU CONGO DU 14 AU 16 AOUT 2023

Après la formation de Gitega au Burundi au mois d’août 2022, l’ACNV-BF a accordé un don de 1000 euros, en complément d’un don anonyme de 900 euros, pour soutenir l’organisation d’une formation en CNV à Bukavu en R.D. du Congo du 14 au 16 août 2023, en partenariat avec l’Association de Communication NonViolente en R.D. du Congo (ACNV-RDC ASBL).

Cette formation avait été projetée par le président de l’ACNV-RDC, Victor Mugaruka, pour l’été 2022. Malheureusement le contexte de sécurité lié aux attaques du M23 n’avait pas permis la réalisation de ce projet.

Compte tenu d’une évolution sécuritaire dans cette région de l’Est du Congo frontalière au Burundi (Bukavu se situe à 150 km de Bujumbura, même si la meilleure voie d’accès est celle qui traverse le Rwanda), l’ACNV-RDC a décidé de mettre en place cette formation reportée, permettant ainsi à la CNV de poursuivre son petit chemin pour contribuer à la paix et la réconciliation dans la région des Grands Lacs.

J’ai consenti à faire le déplacement en marge de mes vacances en famille pour contribuer à semer quelques graines de paix et de réconciliation, en animant une formation de 3 jours d’introduction en CNV à l’intention de 20 participants (4 femmes et 16 hommes) provenant de plusieurs organisations impliquées dans l’action sociale, la paix et le changement social (pasteurs, juristes, enseignants, médecin, pharmacien, agronome, techniciens entrepreneurs, acteurs de développement rural et social, et membres de la Fondation Panzi du Docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix en 2018 pour son action en faveur des femmes victimes des violences sexuelles). La formation s’est tenue dans les locaux du Centre Protestant CAP NGUBA de Bukavu.

INTRODUCTION A LA CNV

Compte tenu du profil des 20 participants qui découvraient la CNV pour la première fois pour la plupart, j’ai fait le choix de leur proposer une introduction en CNV.

Les outils de la CNV proposés dans cette introduction ont été accueillis et appréciés comme des éléments incontournables dans le processus de paix, de réconciliation et de changement social dans lequel les organisations précitées sont impliquées. Les participants ont fait preuve de motivation et d’assiduité durant leurs apprentissages aussi bien pendant les séances de présentation théorique du processus que pendant les séances d’exercices en petits groupes permettant de s’approprier les acquis théoriques.

 Les situations apportées par les participants pour s’exercer à l’expression authentique de soi et à l’écoute empathique ont apporté une plus-value à cet apprentissage en termes de clarification des aspects théoriques et d’expérience concrète de la mise en pratique du processus. Ces situations portaient notamment sur la restauration et le rétablissement du climat de confiance au sein de la population.

En plus du dépliant des sentiments et des besoins qui a été offert à chaque participant, certains participants ont pu acquérir des livres de CNV grâce à la valise pleine de livres de la librairie de l’ACNV-BF que j’avais prise avec moi.

Les participants à la formation CNV de Bukavu du 14 au 16 août 2023

CELEBRATION :

  1. DE LA PART DU FORMATEUR :
    • Soutien financier de l’ACNV-BF et des donateurs anonymes.
    • Elan de s’engager et de contribuer à semer des graines de paix en Afrique, dans la confiance, la simplicité et la persévérance.
    • Toucher la vulnérabilité chez moi et chez les participants.
    • Mise à disposition des participants des supports pédagogiques : syllabus, dépliants sentiments et besoins, livres et cartes.
    • Présence et vigilance pour débloquer les situations pendant les jeux de rôle.
    • Intensité de l’engagement des participants : groupe vivant, déterminé à avancer.
  2. DE LA PART DES PARTICIPANTS :
    • Cadeau d’une formation de 3 jours.
    • Acquis riches de valeurs au service de la réconciliation, de la paix et du changement social.
    • Méthodologie participative active.
    • Découverte et acquisition des outils : dépliants, livres et cartes.
    • Posture du formateur : écoute bienveillante, empathique.
    • Respect du temps.
    • Partages en petits groupes.
    • Jeux de rôles très éclairants pour la pratique et l’appropriation des acquis théoriques.

DEUIL

  • Absence de Victor Mugaruka, Président de l’ACNV-RDC qui avait coorganisé la formation avec moi : je me suis retrouvé seul, avec une équipe d’organisation locale inconnue, sans aucun lien au niveau des préparatifs.
  • Problèmes de déplacement : le véhicule qui devait me conduire à Bukavu a démarré plus tard que prévu, ce qui a occasionné une arrivée tardive à la frontière Rwanda-Bukavu qui fermait à 15 h 00. Du coup j’ai dû loger côté Rwanda, à moins d’1 km du lieu où devait se dérouler la formation.
  • Manque de transparence et d’inclusion du formateur dans la gestion du budget, alors que j’avais remis le montant à l’équipe d’organisation locale, suivant les instructions du Président de l’association absent.
  • Le secrétaire de l’équipe d’organisation a perdu les feuilles d’évaluation remises par les participants, d’où la difficulté de restituer leur retour au sujet de la formation.

EVALALUTION FINALE :

  • Formation plus pratique que théorique : vivante, donnant la place au vécu personnel.
  • Importance des 4 composantes de la CNV et des jeux de rôle dans la communication.
  • Importance de l’empathie et de l’auto-empathie pour développer mon potentiel relationnel dans la vie communautaire en vue d’instaurer des relations de qualité.
  • Importance de l’écoute empathique pour identifier les besoins de l’autre et formuler des demandes pour soutenir la coopération et la qualité de vie en communauté.
  • Prise de conscience et clarté sur les conflits tragiques vécus en lien avec l’histoire de la région des Grands Lacs en général, et du Congo en particulier.
  • Importance de la gratitude pour célébrer la vie et nourrir la relation.
  • Que la durée de la formation soit revue à la hausse car nous voulions encore apprendre
    plus.
  • Que l’ACNV organise d’autres formations avec plus de participants car la thématique est intéressante, transversale et apparemment large.
  • Que l’ACNV puisse élargir la formation aux chefs des communautés locales comme outil de résolution et prévention des conflits.
    Demande de formations plus approfondies.
  • Préoccupation pour des formations en one short, sans continuité : prévoir d’autres formations.
  • Importance de pratiquer pour expérimenter la richesse du processus de la CNV.

GRATITUDE

Je me joins à l’ACNV-RDC et aux participants à la formation pour exprimer notre profonde gratitude à l’ACNV-BF ASBL et aux donateurs anonymes pour leur soutien financier qui a permis de mettre en place cette formation et d’offrir quelques outils de CNV aux participants, en l’occurrence les dépliants Sentiments et Besoins. Cette expérience nous a permis d’élargir notre vision et notre projet d’adoption et de promotion/ diffusion de la CNV comme un outil incontournable pour accompagner notre région des Grands Lacs sur le chemin de la paix et de la réconciliation.

A titre personnel j’exprime ma vive reconnaissance aux participant.e.s à la formation pour leur implication et leur confiance.

Et enfin une belle surprise : 2 jeunes de Bukavu (Bernadette et Arsène) qui avaient participé à une autre formation de 3 jours que j’avais coanimée à Bujumbura (organisée fin juillet 2023 par Anne Dietrich du Service civil pour la paix de la Coopération allemande au Burundi),m’ont invité à animer une présentation de la CNV (2 heures) aux jeunes de leur association SENTA (Social Entrepreneurship Academy – Evolutionary education for social innovation) dont la mission est de donner aux jeunes les moyens de libérer pleinement leur potentiel, de créer leurs propres opportunités et de transformer leurs idées en entreprises sociales durables, afin de réaliser leur vision d’un Congo sans jeunes au chômage.

Jean-Baptiste entouré de jeunes de l’association SENTA

Faisant d’une pierre deux coups, j’ai pu semer quelques graines de paix chez la dizaine de jeunes qui ont participé à la conférence.

Une occasion de plus d’exprimer ma profonde gratitude à l’ACNV-BF qui a permis toutes ces belles rencontres et ces riches expériences.

Jean-Baptiste NDIKURIYO