La NonViolence Systémique (NVS) : Une voie vers plus de conscience des relations et des systèmes 

Article co-écrit par Catherine Brunelle, Audrey Hesseling et Laurent Dommée

La NonViolence Systémique (NVS) est un concept novateur et complexe, car il invite à déconstruire des mécanismes profondément enracinés dans nos habitudes, nos cultures et notre environnement. Elle demande une prise de recul sur des angles morts que nous avons appris à ignorer, souvent inconsciemment, en raison de nos schémas de pensée et de notre éducation. 

Plutôt qu’une méthode ou une profession, la NVS se présente comme une grille de lecture, une conscience pour explorer et comprendre les interactions humaines dans toute leur complexité.  Elle  s’inscrit  dans  une  approche  constellatoire,  holistique,  et  cherche  à transcender les visions binaires du bien et du mal.  

Le rêve est de cultiver une équité juste, où chaque individu peut assumer sa singularité, imparfaite mais précieuse, tout en prenant conscience de l’accès aux ressources propres à chacun.e et des dynamiques systémiques qui nous relient. 

La source Catherine Brunelle, le Cercle de la NonViolence et la vision

Depuis  son  enfance,  Cat  a  suivi  un fil rouge : une quête profonde d’évolution et de transformation humaine. Son lien intime avec la nature, dans ses joies comme dans ses douleurs, a nourri une fascination pour l’unité de l’être, sa diversité et sa complexité. Elle s’intéresse autant à la capacité humaine de générer de la violence qu’à son potentiel à expérimenter  l’amour  inconditionnel.  C’est  de  cette réflexion qu’est né le Cercle de la NonViolence, un espace dédié à l’exploration collective. 

Le fil d’or de sa vie est inspiré par son père : « Ma fille ta vie d’humaine sur terre ne dure que le temps d’un clin d’oeil, alors va vers où tu t’amuses et où l’on sait t’apprécier telle que tu es » Lorne Brunelle 

Le Cercle de la NonViolence est conçu comme un laboratoire vivant, un système organique où chacun.e peut contribuer à un cercle vertueux d’évolution. 

Un cursus « praticien.ne en Nonviolence systémique » à été lancé en 2024. Il s’agit d’un espace  de  coévolution,  où  les  participant.e.s explorent  ensemble  les  dynamiques systémiques  en  jeu  dans  leurs  vies.  Cette  approche est également soutenue par une formation de trois jours, permettant aux individus de s’initier à ces concepts et de les appliquer concrètement. 

La NonViolence Systémique nous invite à réinventer nos relations, nos systèmes et notre façon d’agir dans le monde. Elle ne cherche pas à offrir des réponses toutes faites, mais à ouvrir des espaces de réflexion collective, où chacun peut contribuer à des transformations profondes et durables. Cultiver une puissance humble, déconstruire les mécanismes de violence et agir avec conscience : tels sont les défis que la NVS nous propose de relever, pas à pas, dans notre quotidien. 

Audrey et Laurent : Pionniers de la NVS 

Audrey  et  Laurent,  co-auteurs  avec  Catherine  de  cet  article,  inscrit.e  dans  le  cursus 2024/2025,  se distinguent par leur application de la NVS dans leur vie personnelle et professionnelle. 

Audrey, en mettant en lumière les liens entre la NVS et la neurodiversité, explore comment cette   approche peut  soutenir  les  individus  dans  leur  singularité  neurologique  et émotionnelle. Elle propose de repenser les relations humaines au prisme des différences individuelles, dans une optique d’inclusion et de compréhension. 

Laurent  pour  sa  part,  grâce  à  son  expérience  de  médiateur  et  de  Praticien  en accompagnement  individuel  par  la  Communication  NonViolente,  ajoute  une  dimension thérapeutique à la NVS. Il intègre à sa pratique la théorie de l’attachement ainsi que la théorie polyvagale et trouve en  la  NVS  une  ressource  puissante  qui  lui  offre  une compréhension des dynamiques et des enjeux systémiques souvent                                                                                               invisibles de prime abord  et  qui  pourtant  influencent  fortement  la  santé  émotionnelle  et  les  relations interpersonnelles.  La  vision  systémique  est  à  ses  yeux  un  atout  indispensable  dans l’exploration, la compréhension et la résolution des problématiques liées aux traumatismes relationnels et aux phénomènes d’emprise. 

La vision et les intentions fondamentales de la NVS 

La NonViolence Systémique invite à penser l’humain sous un angle 4D, avec ses onze systèmes interdépendants qui influencent nos relations et nos choix. Elle nous pousse à dépasser une vision purement interpersonnelle pour embrasser une perspective plus large, intégrant les structures invisibles qui façonnent nos vies. 

Quelques principes clés de la NVS : 

●   Prendre   conscience   des   systèmes   invisibles   :   Même   en   développant  une métacognition  avancée,  il  reste  des  dynamiques  invisibles  qui  dépassent  notre compréhension immédiate. La NVS invite à une humilité active, reconnaissant que nos actions, même minimes, ont un impact sur les systèmes. 

●   Agir avec soin et interconnexion : Chaque choix est envisagé avec l’intention de nuire le moins possible, en tenant compte de l’interdépendance entre les individus et les systèmes.  Il  s’agit de s’éloigner d’une posture de toute-puissance, où l’on croit pouvoir changer le monde, pour embrasser une puissance humble et réaliste. 

●   Développer une conscience relationnelle : La NVS insiste sur le fait que tout ce que nous faisons – dire, taire, agir, ou s’abstenir – influence notre environnement. Elle nous pousse à être attentifs à ces impacts, tout en utilisant nos ressources là où elles sont le plus nécessaires et disponibles. 

Un pont avec la Communication NonViolente (CNV) : 

Comme  la  CNV  ou  l’Ahimsa,  la  NVS  partage  une  intention  commune  :  cultiver  une conscience  profonde  des  dynamiques  relationnelles et systémiques. Cependant, elle va au-delà du langage verbal : environ 97 % de notre communication est non verbale. La NVS aide à explorer cet espace invisible, pour mieux comprendre comment nous exprimons notre être dans le monde. 

Décoloniser notre pensée et sortir d’une vision de la dualité 

Un des objectifs centraux de la NVS est de dépasser notre cerveau, souvent conditionné à penser en termes duels : bien/mal, juste/faux. Elle invite à une recherche d’équilibre et de polarité, à élargir notre regard, à dézoomer pour observer les architectures systémiques en mouvement, qui ne se limitent pas aux relations interpersonnelles. 

« Au-delà du bien et du mal, il existe un champ. C’est là que je te rencontrerai » Rumi 

Ce décentrement permet de :

●   Voir au-delà des oppressions visibles, sans nier leur existence, mais en cherchant des solutions qui transcendent ces dynamiques. 

●   Décoder les architectures invisibles, ces mécanismes de pouvoir et de domination qui influencent les relations sociales. 

●   Prendre du recul sur ses propres ressources, ses rôles et son pouvoir d’agir, tout en cultivant une posture d’humilité et de responsabilité. 

Un outil pour soutenir le processus : 4 axes

La NVS propose un processus structuré autour de quatre axes, formant une piste de danse pour soutenir l’intégration. 

1. Le centre : La puissance humble, au cœur de la métacognition fractale. 

2. Moi : Mon histoire personnelle, mes ressources 

3. Mon rôle : La place que j’occupe dans un système donné. Les dynamiques globales, visibles et invisibles, dans lesquelles je m’inscris. 

4. Le système : Le système, en tant qu’entité propre et en mouvement, dans lequel j’évolue et le plus en lien avec la situation de départ 

Cette démarche invite à explorer les besoins liés à chaque axe, afin de faire des choix éclairés et alignés sur une posture de puissance humble. 

Exemple concret : une métacognition en action 

Prenons l’exemple d’un enseignant français, dans un système éducatif centralisé, qui laisse un mot à une femme de ménage à propos d’une poubelle non vidée. 

En CNV, il exprimerait son besoin : « Quand je vois la poubelle non vidée, je suis en colère, car j’ai besoin de soutien. » 

En NVS, il explore aussi les systèmes sous-jacents : 

Rôles : 

●   La femme de ménage, issue de l’immigration, cumule des contraintes invisibles (longs trajets en RER, manque de reconnaissance professionnelle et culturelle, sous-payée, importante charge familiale… )

●   Lui, homme blanc, français, bon salaire, métier reconnu, célibataire, ayant une voiture…) 

Système : L’éducation nationale, où les rôles subalternes sont peu valorisés.

Avec cette vision systémique il pourrait adopter une posture d’allié : « Merci pour votre travail. Comment puis-je vous soutenir ? Peut-on mettre en place un protocole pour vous aider ? En relevant les chaises le soir par exemple ? » -> prise de conscience systémique et intention de co-création.

Quelques liens utiles : 

1/ Vidéo de l’infiniment grand à l’infiniment petit :  https://youtu.be/k4mUV6FzIEU?feature=shared

2/ Le site du Cercle de la Nonviolence et Catherine Brunelle : https://cercle-cnv.com/

3/ Le site de Audrey Hesseling : https://www.audrey-hesseling.com 

4/ Le site de Laurent : http://www.laurent-dommee.fr