La communication NonViolente à l’usage de ceux qui veulent changer le monde

Tel est le titre d’un livre écrit par Nathalie Achard, militante et directrice de la communication d’associations citoyennes (Greenpeace, SOSMEDITERRANEE, Mouvement Colibris). Médiatrice, devenue formatrice certifiée en CNV, elle organise aujourd’hui en France des formations à la non-violence au sein d’associations, elle anime des stages de responsabilisation et de restauration du dialogue en prison, et soutient les collectifs innovants pour favoriser la coopération.

Son engagement dans des associations qui font « bouger les lignes » crédibilise les clefs qu’elle propose dans ce livre pour se faire entendre et entendre l’autre.

  • Comment sortir de la frustration de ne pas obtenir gain de cause ?
  • Comment se débarrasser de la culpabilité ?
  • Que faire face à la violence de l’autre ?
  • Comment rester engagé sans désespérer ?

Elle écrit : « J’ai voulu écrire ce livre pour témoigner et inviter tous mes amis si précieux, ces engagés flamboyants, quel que soit le secteur, quel que soit l’intensité de leur implication, à revisiter leurs élans pour les rendre plus forts, plus joyeux, plus vivants. Et se protéger eux-mêmes.  Car le chevalier à terre n’a aucune chance de sauver la veuve et l’orphelin. Et le chevalier en colère finit même par effrayer celles et ceux qu’il veut protéger… ».

Nathalie Achard s’exprime aussi dans une vidéo « MOOC Démocratie – La CNV au service du changement de société » du Mouvement Colibris (sous licence Creative Commons « CC BY SA »).

Le texte de cette vidéo résume en partie ce qu’elle développe dans le livre, nous vous le partageons ci-dessous dans son intégralité :

La CNV au service du changement de société – Nathalie Achard

« Si nous partons du postulat que la non violence est un vecteur puissant de changement de société, la Communication NonViolente ou CNV a une posture qui peut être au service de ce type de changement.

Elaborée par Marshall Rosenberg, docteur en psychologie, élève et collaborateur de Carl Rogers, la CNV a pour intention de créer une qualité de relation à soi et à l’autre qui permet de satisfaire les besoins fondamentaux de chacune et chacun de manière harmonieuse et pacifique.

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie que dans la posture CNV, je consacre toute mon intention et mon attention à favoriser la connexion avant l’action, avant la solution, avant l’éducation.

Je ne cherche pas à te convaincre, à te soumettre, à te faire changer pour que tu te conformes à ce que je veux que tu sois. Je prends soin de renforcer et de sécuriser le pont qui nous relie pour entrer en communication avec toi.

Une fois cette connexion établie, la posture de la CNV m’invite à exprimer ce qui est important pour moi, mes besoins fondamentaux tout en étant en lien avec ce qui est important pour toi, tes besoins fondamentaux. C’est l’endroit à partir duquel nous pouvons commencer à trouver des solutions pour vivre ensemble dans l’harmonie et la paix.

Nous ne nous opposons pas sur nos besoins car nous les partageons. Nous prenons le risque par contre de nous confronter sur la façon dont nous allons vivre et nourrir ces besoins. Et dans le paradigme du changement social, cet enjeu est fondamental.

Les besoins ne sont attachés n à une personne, ni à un objet, ni à une activité, ni à un timing ni à une idéologie.

A titre d’exemple, en CNV, il est question de soutien, d’appartenance, de confiance, de partage, de donner et recevoir de l’attention, de l’affection, de l’amour, du ressourcement, d’apprentissage, d’intégrité.

Ainsi la CNV permet de ne plus avoir d’image d’ennemi puisque je me relie à l’autre sur le commun que j’ai avec lui ou avec elle. Je m’ouvre donc le chemin de la réconciliation.

Quand je suis animé par l’élan de contribuer à une société plus durable, plus respectueuse du vivant, en posture CNV, je vais mettre toute mon énergie à partager ce qui est important pour moi et je vais prendre le temps d’écouter ce qui se passe chez celui ou chez celle qui ne partage pas cet élan. Je ne vais pas le juger, le condamner, le combattre, je vais le rencontrer.

La CNV au service du changement social, c’est donc une posture de convergence qui propose de collaborer hors des étiquettes et des confrontations idéologiques. Pas de prosélytisme, de changement brutal imposé au nom d’une vision unilatérale, de torsion et de négation de ce qu’est l’autre, c’est une posture d’accueil et de partage, de médiation et de restauration.

Un changement de société qui se fait dans la non violence inclut toutes les parties de la société. Il a pour intention et attention de ne pas stigmatiser des personnes qui continueront à faire partie de cette société même après le changement.

« Une victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite car elle est momentanée » disait Gandhi. La violence de la stigmatisation et de la non inclusion, de la condamnation est le germe de la discorde.

Il arrive aussi alors que celles et ceux qui veulent favoriser un changement sociétal apportent des preuves scientifiques ou économiques, en un mot rationnelles et à ce titre sensément indiscutables, ces personnes se retrouvent face à un refus d’écouter et même une remise en question qualifiée de mauvaise foi et cela provoque la fameuse indignation : « Comment est-ce possible d’être aussi borné alors que tout le prouve ? ».

La réalité de l’autre, son positionnement ont autant de valeur que les miens.

Nous avons chacune et chacun une vision qui nous est propre du monde dans lequel nous vivons. Une vision souvent transmise par des gens que j’aime, une vision qui me sécurise, une vision qui me fait appartenir à un groupe.

Rester campé sur ma propre vision, sans m’intéresser à celle de l’autre ne favorise aucune convergence, aucun changement durable.

Il faut bien comprendre qu’apporter d’un coup, sans écoute et accueil, une autre façon de décrypter le monde, même avec ces fameuses preuves, c’est inviter sans ménagement l’autre à remettre en question profondément sa vision du monde, son éducation, ses croyances, son identité. Pour certains et certaines, c’est insupportable, voire mortel au sens symbolique du terme.

Observer toutes les réalités et se trouver à l’endroit où je peux m’accorder avec l’autre sur des éléments partageables et trouver des solutions créatives en lien avec les besoins de chacun, est l’une des clés d’un changement de société pacifié et c’est au cœur de la posture CNV.  »