Dans notre société actuelle, beaucoup d’individus se trouvent piégés dans une course frénétique vers toujours plus d’efficacité et de productivité et/ou prisonniers d’une augmentation démesurée de la quantité d’actes à poser au service de leur secteur professionnel. Plongée dans une cadence trépidante et une ambiance d’imprévisibilité, une majorité d’entre nous vit de plus en plus de stress et d’incertitudes. Cela devient alors difficile de préserver notre équilibre émotionnel, pourtant essentiel si on veut garder la santé. Face à des pressions prolongées et/ou des inquiétudes quant à notre futur, nous sommes de plus en
plus nombreux à vivre en surtension et dans l’urgence constante. Ainsi, depuis quelques décennies, ces aspects complexes à gérer nous semblant souvent incontrôlables, un nouveau syndrome a fait son apparition : il s’agit du burnout.
Décrit par Freudenberger en 1974, ce concept pointait initialement une pathologie caractérisée par un ensemble de réactions au stress vécu par les professionnels de la santé. Mais, au fil des années, il a été élargi aux autres secteurs de la vie, qu’ils soient professionnels ou personnels. Vous trouverez la liste des symptômes du burnout en fin d’article, car je préfère que ce texte aborde d’entrée de jeu les clés que nous propose la Communication NonViolente® (CNV) pour prévenir ou soigner le burnout ainsi que ses rechutes éventuelles. Et, avant cela, je tiens à remercier Marshall Rosenberg pour la force guérisseuse de la CNV, une philosophie de vie qui nous aide à accroître notre conscience, notre capacité de recul, notre bienveillance et notre liberté, afin de mieux servir nos santés et nos humanités respectives.
Il y a plusieurs années l’idée suivante m’est apparue évidente : le burnout, nommé aussi BOS, (Burn Out Syndrome), peut être efficacement contrecarré par tout individu, pour autant qu’il apprenne à devenir son propre BOSS, son propre maître ! Alors, je me suis interrogée quant à ce que, sous l’angle de la CNV, cela pouvait impliquer de devenir son propre BOSS ?
Et j’ai vu que ça parlait de communiquer au mieux avec soi-même et son entourage.
En outre, pour la CNV, les mots « au mieux », impliquaient que : en toute circonstance, on ne se préoccupe pas seulement de ce qui doit être produit mais aussi de ce que chacun vit !
À l’aide de la CNV, devenir son BOSS peut se décliner comme suit :
B comme Besoins : apprendre à les détecter et les écouter, afin de les prendre en compte dans sa vie quotidienne.
O comme Oser affirmer ses besoins et valeurs et faire des demandes en fonction de ceux-ci.
S comme Sentir ses vécus.
S comme Savourer ses compétences concrètes, afin de développer une saine estime de soi.
Ce qui est, selon moi, porteur de santé globale, c’est le fait que, en CNV, on choisit de passer d’un mode de fonctionnement robotisé : je pense et j’agis, à une façon humanisée et donc plus bénéfique et judicieuse : Pendant que je pense et agis, je VIS et je RESSENS des choses.
Dans cette manière d’envisager la vie, on ne vise plus seulement l’efficacité, la productivité et le résultat, mais aussi la prise en compte du facteur humain. Et, plus le monde évolue, plus il me semble incontournable d’incarner la sagesse prônée par la CNV : Connexion avant Solution.
De là découle une évidence, celle de cultiver des aptitudes dédiées au service de la préservation de l’humain et de ses liens sociaux.
Pour y arriver, la CNV suggère de développer 4 compétences:
– L’appréciation positive ou faculté de donner des feedbacks constructifs et recevables.
– L’auto-empathie ou art de s’écouter soi-même.
– L’assertivité ou aptitude à s’exprimer sans agresser.
– L’empathie ou capacité à se mettre au diapason du vécu de l’autre, afin de le comprendre et qu’il se sente compris.
En outre, en CNV, on considère que, dans tout échange, il y a 2 volets que l’on souhaite équivalents : l’expression de soi et l’écoute de l’autre. Et, en abordant ces 2 volets, on se discipline à suivre le fil de 4 étapes concrètes : observation de faits, conscience (et/ou formulation) de vécus, expression de besoins et formulation d’une demande.
Par rapport au burnout, nous n’aborderons ici que les 3 premières de ces compétences, en sachant qu’elles ont largement démontré leur efficacité, pour autant que l’on se discipline à les entraîner…
Si elle est formulée sincèrement et concrètement, l’appréciation positive constitue un facteur clé pour dynamiser la santé et nous pousser à donner le meilleur de nous-même. Mais, alors même que chaque être humain a soif de reconnaissance positive et de feedbacks concrets quant aux actes qu’il pose, beaucoup n’osent ni les demander, ni les recevoir pleinement. C’est donc une attitude encore trop rarement adoptée. Un leitmotiv qui circule couramment dans le monde du travail est : on ne nous adresse la parole que quand ça va mal !
La gratitude (ou feed-back positif), telle qu’envisagée en CNV, comporte 3 étapes :
Cela dit, afin de stimuler notre estime personnelle, souvent déficiente en cas de (pré-)burnout, nous allons envisager ici l’auto-appréciation. Il semble que beaucoup de « candidats au burnout » ont tendance à se défoncer, encore et encore, souvent dans l’espoir d’obtenir auprès d’autrui l’appréciation d’eux-mêmes qui leur fait défaut…
Cet exercice amène à objectiver ce qu’on réussit de concret, ce qui permet un renforcement de l’estime de soi et donc de la santé.
Exemple :
Observation : Quand je pense au moment où j’ai pris le temps d’écouter un ami en difficulté, alors que j’étais moi-même en chute d’énergie ce jour-là…
Vécu : Je suis content(e) de voir que je veille aussi à aider autrui,
Besoin assouvi : Cela satisfait pour moi le besoin de croire en moi et en ma générosité.
Concluons cette première étape en signalant que plusieurs études scientifiques réalisées par le docteur Joé Dispenza ont démontré que 10 minutes de reconnaissance positive ressentie sécrètent dans le corps 1300 substances chimiques bénéfiques pour la santé.
Parfois, un burnout est déjà bien installé en nous quand nous réalisons que nous sommes épuisés et démotivés. Cela vient du fait que notre éducation, truffée d’injonctions du genre : n’embête pas les autres avec tes problèmes, sois fort, prends sur toi…, nous a appris très tôt à nous couper de nos vécus ou à les sous-estimer. Nous avons donc tendance à étouffer, minimiser ou ignorer nos peurs, énervements, frustrations etc., en nous convaincant que ça va passer… Pourtant, être plus conscient de nos vécus permet une meilleure adaptation aux aléas de la vie. Et la négation de nos ressentis est une des causes principales du burnout.
Entendez-vous dire, voire pensez-vous qu’Au travail, il vaut mieux laisser ses sentiments au vestiaire ?
Pour prévenir (ou guérir) le burnout, il est indispensable de conscientiser nos vécus désagréables dès leur apparition, car, alors, il est encore temps d’en prendre soin ! Malheureusement, quand un médecin met quelqu’un en arrêt de travail, il/elle est souvent déjà loin dans un processus d’épuisement.
En outre, c’est du bon sens commun de se souvenir que, si l’on se coupe de ses vécus, on ne pourra pas conscientiser ses besoins insatisfaits ni agir en fonction de ceux-ci, vu qu’ils sont ignorés.
Étapes de l’auto-empathie en situation difficile :
a) Observation : repérer les faits, tels qu’ils nous semblent s’être déroulés.
b) Vécus : clarifier nos ressentis et nous y relier.
c) Besoins : détecter les besoins insatisfaits à l’origine de nos vécus découverts.
d) Demande : formulée en fonction de nos besoins insatisfaits, afin d’améliorer ce qui peut l’être.
Si, grâce à l’auto-empathie, on réalise qu’une situation ne nous convient pas, nous pourrons réagir à temps ! Cependant, comme déjà évoqué, dans le monde du travail, les vécus sont souvent considérés comme inappropriés…
Cela dit, notamment grâce à l’avancée des neurosciences, on découvre de plus en plus que ce qui est source de problèmes, c’est justement d’ignorer ses états intérieurs ! Des études menées dans des contextes professionnels divers ont révélé que les vécus niés ou étouffés constituent de véritables chaudrons d’émotions en ébullition qui, tôt ou tard, apportent leur lot de problèmes, de santé ou autres, au sein des entreprises. Ainsi, nombre de travailleurs ayant
dû trop ravaler leurs vécus finissent en arrêt de travail ou sous traitements médicaux chroniques. Et cela aurait pu être évité si ces personnes avaient appris à s’écouter et à prendre en compte leurs vécus. Chaque ressenti désagréable constitue un signal d’alarme qui pourrait être utilisé positivement, au lieu d’être ignoré.
S’écouter est LE préambule nécessaire pour se (faire) respecter et rester en forme dans la durée. Martin Luther King disait : J’ai beaucoup de travail, il faut que je prie une heure de plus.
Par ailleurs, dans les situations où obtenir le respect de notre entourage est une utopie…, s’écouter en silence nous permet au moins de rester conscient de ce qui nous habite, ce qui nous aide à limiter d’éventuels débordements !
Concrètement, l’auto-empathie se réalise en se posant 2 questions et en restant avec celles-ci jusqu’à ce qu’on perçoive une détente intérieure :
Comment est-ce que je me sens ? À quoi est-ce que j’aspire dans cette
situation ?
Par exemple :
a) Vous avez du retard dans des rapports à clôturer que l’on vous apporte en dernière minute.
b) Vous pourriez avoir peur de ne pas y arriver et/ou être en colère car vous estimez qu’on vous accable de travail imprévu et/ou que vous êtes incapable de gérer l’inattendu.
c) Vous pourriez avoir besoin de respect des délais prévus, d’optimisation de l’organisation, de confiance en vos capacités d’adaptation…
À présent, en songeant à une situation vécue et moyennement difficile, exercez-vous : Respirez profondément, notez vos observations, explorez vos vécus et vos besoins… Ensuite cherchez quelle action ou demande pourrait satisfaire l’un ou l’autre de vos besoins.
À l’étape besoins, si vous percevez un genre de haha intérieur, une détente, un regain d’énergie, c’est le signe que vous vous reliez à une aspiration qui a de la valeur pour vous. Cet accueil de nos besoins inassouvis réduit nos tensions, et ce, même si la situation reste inchangée.
Ainsi, après une journée de travail, si vous le pouvez, je vous invite à vous offrir un espace de solitude pour développer la pratique suivante : remémorez-vous les moments agréables et désagréables de la journée. À chaque souvenir plaisant, savourez vos émotions agréables. Et, si vous avez des souvenirs désagréables, demandez-vous : Comment est-ce que je me sens ?
À quoi est-ce que j’aspire ? Que pourrais-je faire ? Cela devrait devenir aussi naturel pour vous que de vous brosser les dents !
Selon le Dr Joe Dispenza, 10 minutes de ressentis désagréables subis passivement amènent notre corps à sécréter environ 1200 substances chimiques défavorables à la santé.
Chacun sait plus ou moins consciemment que les conflits, la critique et le jugement négatif dérégulent notre chimie intérieure et sèment la méfiance, la peur, l’amertume… qui, à leur tour, engendrent démotivation, démission et maladies, dont le burnout !
Mais, ce que l’on sait moins, c’est que l’expression de nos besoins, de façon ferme et bienveillante, soutient notre énergie vitale et notre santé.
L’assertivité ou dire sa vérité sans blesser, a plus de chances de stimuler la confiance et la solidarité que le fait de balancer à autrui ses 4 vérités.
Or, la confiance et la solidarité sont deux antidotes basiques au burnout !
Prenez un moment pour penser à ce que ces deux qualités apportent à votre vie et observez comment vous vous sentez.
Quand ils sont entendus et pris en compte dans ce qui a de la valeur pour eux, les êtres humains se sentent mieux et performent davantage.
Enfin, une demande concrète, en suivant logiquement la connaissance de nos besoins, amorce la sortie d’une situation difficile. En formulant une demande, nous accomplissons notre « part atteignable », et cela, en soi, apporte déjà un soulagement.
Exemple : votre manager vous annonce que votre rapport manque de rigueur, sans plus d’explications. Vous estimez ce feedback imprécis et injustifié et vous optez pour en parler :
Observation : Vous m’avez dit que mon rapport manquait de rigueur. Or, j’y ai consacré 15 heures et j’ai vérifié chacune de mes références.
Vécu : Je suis perplexe car je ne sais pas à quoi vous faites allusion.
Besoins : J’ai besoin de clarté, de précisions et d’apprendre.
Demande : Seriez-vous d’accord de me mentionner les passages que vous estimez approximatifs ?
L’assertivité s’apprend pas à pas et il vaut mieux s’y entraîner que ravaler ses frustrations, par crainte de ne pas trouver les mots, de froisser autrui, de passer pour un extra-terrestre…
Cela dit, si vous décidez de vous affirmer, attendez d’être apaisé intérieurement et au clair avec clair vos aspirations. C’est impossible de s’exprimer avec puissance, calme et fermeté tant que l’on est embrouillé ou frustré.
Être assertif nous aide à nous préserver dans la jungle du travail, pour autant que nous restions bienveillant avec notre interlocuteur.
La connexion inébranlable à soi-même fait des miracles ! S’affirmer sans agresser permet d’éviter de glisser dans un burnout par effacement et oubli de soi. Détectez régulièrement ce qui compte le plus pour vous, en explorant à lafois vos besoins à court et à long terme, puis lancez-vous ! Et gardez à l’esprit qu’une fois installé, un burnout met beaucoup de temps à se guérir, alors que prendre le temps de perdre du temps nous permet d’en gagner par la suite.
Du Dr Anne van Stappen, éditions Jouvence :
Se protéger du burnout grâce à la Communication NonViolente®.
J’écoute mes besoins profonds.
Je m’exprime avec fermeté et bienveillance.
De Anne Everard, Livre de Poche
Guide du burn-out Comment l’éviter, comment s’en sortir
(LE guide de survie que l’auteure aurait voulu avoir en mans dès les premiers symptômes)
Dr Anne van Stappen interviewée dans Métamorphose :
Prendre soin de soi grâce à la Communication NonViolente®
To burn out signifie brûler, se consumer de l’intérieur.
Le burnout est un syndrome représentant la conjonction de plusieurs symptômes psycho-émotionnels et physiologiques tels que l’épuisement professionnel, la perte d’estime de soi et la démotivation au travail ou en famille. Il résulte souvent d’un déséquilibre entre certaines exigences (professionnelles ou familiales) et la capacité d’un individu à les gérer. Il est à noter qu’outre le burnout professionnel, on évoque de plus en plus souvent l’existence de burnouts de type parental et familial.
Symptômes du burnout : Perte de sens et de motivation au travail, dépersonnalisation et déshumanisation, sentiment d’incompétence et d’inefficacité, réduction ou disparition de l’estime de soi, troubles émotionnels (anxiété, agressivité, frustration, irritabilité, isolement, absentéisme…), épuisement, problèmes de concentration, pertes de mémoire, fatigue mentale et physique, difficulté à percevoir ses aspirations, maux de tête, troubles du sommeil, troubles gastro-intestinaux, palpitations, asthénie, fibromyalgie, pensées suicidaires…
Causes (ou facteurs favorisants) :
– Professionnelles : excès ou imprécision quant aux tâches à accomplir, délais trop courts, conflits de rôles, manque d’autonomie, pression de résultats, salaire insuffisant, promesses non tenues, compétitions entre collègues, injustice, favoritisme, sanctions non motivées, manque de feedbacks, stress multiples (dont la crainte de ne pas arriver au bout de ses tâches, de ne pas recevoir l’estime de l’autre, de perdre son emploi etc.)
Personnelles : manque d’expérience ou d’estime de soi ; difficulté à s’adapter à un nouveau contexte ; nature anxieuse/perfectionniste/dépressive, tendance à la culpabilisation, besoins de reconnaissance positive, difficulté à allier vie privée et vie professionnelle, divergences entre les valeurs du travailleur et celles de la société.
Dr Anne van Stappen
Formatrice certifiée du CNVC
Chaine YouTube : Cœur Naturellement Vibrant
Cours en ligne : https://etreplus.podia.com/introduction-cnv-anne-van-stappen